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Choix d'œuvres

Atelier du 3e étage
Peinture

Orphée sur la tombe d'Eurydice

Pour rendre hommage à Alexandrine Dureux, qui mourut le 28 mars 1890, Gustave Moreau s’inspirant des Métamorphoses d’Ovide (Livre X 1-105) choisit d’illustrer un des mythes les plus poignants. Il conte comment la dryade Eurydice, lors d’une promenade en compagnie d’une troupe de naïades, fut mordue au talon par un serpent et mourut, et comment son époux Orphée, au désespoir, descendit aux enfers pour implorer d’Hadès, le souverain des ombres, et de Perséphone, fille de Zeus et de Déméter, la grâce de la ramener dans le monde des vivants. Son vœu fut exaucé sous condition qu’il ne se retourne pas avant d’avoir quitté les vallées de l’Averne. Mais impatient de revoir le visage de sa bien aimée, il enfreignit l’interdit divin et la perdit donc à jamais.

C’est ce moment tragique que Moreau, exorcisant ainsi sa propre douleur, choisit de peindre. Il inscrit le fils d’ Œagre roi de Thrace et de la muse de Calliope au centre d’un paysage aux teintes automnales, au ciel crépusculaire faisant preuve d’une grande liberté de touche. Devant le mausolée, la crypte funéraire, brûle une lampe : « symbole du souvenir et de la piété fidèle et invincible ». L’aède est affaissé, sa lyre pend aux branches d’un arbre foudroyé : « L’âme est maintenant seule, elle a perdu tout ce qui était sa splendeur, sa force et sa douceur. Elle pleure sur elle-même dans sa solitude inconsolée. Elle gémit et sa plainte sourde et sans éclat est le seul bruit d’humanité de cette solitude de nuit. »