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Choix d'œuvres

Atelier du 2e étage
Peinture

Messaline

Valeria Messalina est la troisième épouse de l’empereur Claude. Nombre d’historiens de la Rome antique parmi lesquels Suétone ou Tacite la stigmatisèrent et virent en elle une débauchée aux appétits sexuels insatiables. L’abbé Ladvocat dans son Dictionnaire la qualifia de « monstre d’impudicité et de dérèglement ».

Gustave Moreau s’est sans doute inspiré de la sixième Satire de Juvénal pour définir son sujet. Sous son pinceau, Messaline, figure emblématique de la décadence romaine, devient une allégorie de la luxure. Cette imposante huile sur toile datée de 1874 fut laissée « en voie d’exécution ». Il en existe plusieurs variantes dont une à l’aquarelle d’un grand raffinement de coloris. Ici l’impératrice déchue s’apprête à s’unir à un « jeune marinier du Tibre ». Près d’elle une vieillarde, l’entremetteuse, est assimilable – un fuseau et des ciseaux pendent à sa ceinture – à la troisième des parques, Atropos. Dans un coin sommeillent les « victimes » épuisées de vices.

Ces personnages pour Moreau symbolisent : « La jeunesse sans frein, la débauche sans fond, la mort sans espérance ». Il traite ce sujet scabreux en moraliste : « L’idée est la débauche conduisant à la mort ». Loin de céder à une érotisation de cette scène, en contempteur du vice celui même d’un second Empire jugé par lui déliquescent, il conçoit une Messaline d’une beauté froide, hiératique, livide comme déjà frappée de mort. « C’est [écrira t-il] en élevant ce sujet d’histoire à la hauteur de l’allégorie et du symbole que j’ai fait de ce sujet un poème satanique des plus nobles ».