Gustave Moreau - Théophile Gautier « Le rare, le singulier, l'étrange »
A l’occasion du bicentenaire de la naissance de Théophile Gautier (1811-1872), le musée Gustave Moreau a proposé un parcours autour des œuvres commentées par ce défenseur exemplaire de Gustave Moreau.
De 1852 jusqu’à sa mort, Théophile Gautier (1811 - 1872), qui fut le critique d’art le plus influent du Second Empire, a inlassablement défendu Gustave Moreau (1826 - 1898). Avec les Goncourt, il fut dès 1852, l'un des premiers à remarquer les œuvres de jeunesse de celui qui n'était alors qu'un inconnu. Ses formules sont restées célèbres, notamment « Hamlet grec » pour désigner Œdipe (New York, Metropolitan Museum of Art), tableau phare du Salon de 1864, ou « élève posthume de Mantegna » pour mentionner son auteur. La relation entre les deux hommes, qui avaient pour amis communs Théodore Chassériau et Eugène Fromentin, reste énigmatique. La rencontre a sans doute eu lieu puisque Gautier écrit avoir vu certaines œuvres dans l'atelier même de l'artiste. Le mystère reste entier, aucune correspondance n’ayant été conservée. L'étude des textes de Gautier est donc capitale. Avec une sensibilité exceptionnelle, il a pressenti que Moreau allait devenir l'un des maîtres du Symbolisme français. Sa critique des œuvres du Salon de 1865, Jason et Le Jeune homme et la mort, est prémonitoire de celles écrites par Joris-Karl Huysmans, à qui le musée Gustave Moreau avait rendu hommage en 2007 à l'occasion l'anniversaire de sa mort : « C'est un mets pour les délicats, pour les rêveurs, pour les blasés, pour ceux à qui la nature ne suffit plus, et qui cherchent au-delà une sensation plus âpre, plus bizarre. »
Gautier a révélé un siècle avant André Breton, la capacité du peintre à réinventer les mythes et l'anachronisme de son « antiquité un peu gothique.» Grâce à Gautier, comme il l'écrit dans son commentaire du Salon de 1864, « Les yeux du public sont maintenant sur lui et ne le quitteront plus. »
Publication
Gustave Moreau – Théophile Gautier. « Le rare, le singulier, l’étrange »
Auteurs : Marie-Cécile Forest, directrice du musée Gustave Moreau assistée de Samuel Mandin et Aurélie Peylhard, documentalistes et Pierre Pinchon, docteur en histoire de l’art, Université de Genève
100 pages – 15 €
Muséographie : Hubert Le Gall
Retrouvez le communiqué de presse de l'exposition