L'art de Gustave Moreau
Académique, romantique, italianisant : Gustave Moreau n'aurait pu être qu'un éclectique, comme tant de ses confrères à succès, empruntant aux uns et aux autres les éléments constitutifs d'un style impersonnel. Parfois, on perçoit dans ses personnages le prototype éphébique de Michel-Ange, on devine trop les fonds bleutés et les clairs obscurs à la Vinci. Mais, le plus souvent toutes ces références, auxquelles s'ajoutent le goût des lignes contournées trouvées dans les miniatures indiennes, la précision du trait et des formes inspirées par mille et un modèles recueillis dans des ouvrages de gravures, finissent par s'amalgamer entre elles, se combinent inextricablement pour aboutir à des créations originales, fortement individualisées, qui ne ressemblent finalement à rien d'autres. Moreau pensait que la peinture était, par définition, un art riche et devait chercher à rivaliser avec l'émail : un tableau tel que Jupiter et Sémélé constitue le meilleur exemple de ce principe.
Pour Moreau, comme pour Vinci ou pour Poussin, auxquels il aimait à se référer, la peinture est cosa mentale. Elle ne cherche pas à recréer sur la toile le spectacle de la nature, elle s'adresse d'abord à l'esprit et vient du plus profond de l'artiste. Moreau ambitionnait de créer une œuvre où l'âme pût trouver, selon ses propres mots : toutes les aspirations de rêve, de tendresse, d'amour, d'enthousiasme, et d'élévation religieuse vers les sphères supérieures, tout y étant haut, puisant, moral, bienfaisant, tout y étant joie d'imagination de caprices et d'envolées lointaines aux pays sacrés, inconnus, mystérieux. La peinture de Moreau doit faire davantage rêver que penser. Elle vise à transporter le spectateur vers un autre monde.
Par le choix même de ses sujets, Moreau veut s'abstraire des données du réel, du vécu. Esprit profondément religieux -sans être pratiquant- il considère que la peinture, miroir des beautés physiques, réfléchit également les grands élans de l'âme, de l'esprit, du cœur et de l'imagination et répond à ces besoins divins de l'être humain de tous les temps.
C'est la langue de Dieu ! Un jour viendra où l'on comprendra l'éloquence de cet art muet ; c'est cette éloquence dont le caractère et la puissance sur l'esprit n'ont pu être défini, à laquelle j'ai donné tous mes soins, tous mes efforts : l'évocation de la pensée par la ligne, l'arabesque et les moyens plastiques, voilà mon but.
Matériel de Gustave Moreau, Inv.16257-51-1, © RMN-Grand Palais / René-Gabriel Ojéda |
La technique de Gustave Moreau |
Jupiter et Sémélé, Gustave Moreau, Cat.91, © RMN-Grand Palais / René-Gabriel Ojéda |
Gustave Moreau et le Symbolisme |
Orphée sur la tombe d'Eurydice, Gustave Moreau, Cat.194, © RMN-Grand Palais / image RMN-GP |
Gustave Moreau et le Fauvisme |
Ebauche, Gustave Moreau, Cat.1151, © RMN-Grand Palais / Christian Jean |
Gustave Moreau et l'abstraction |