Le chêne et le roseau

Gustave Moreau et l'Abstraction

Au moment de l'ouverture du musée en 1903, c'est le nombre très important d'ébauches qui frappa les premiers visiteurs. L'esthète Robert de Montesquiou les met en garde : "N'y cherchez pas de ses ouvrages achevés". Un critique dénonce à son tour "la maladie actuelle de l'esquisse et de l'inachevé." C'est seulement  à partir des années 1960 que l'on commence à s'intéresser à ces ébauches.
 
Précurseur sans le savoir d'un nouveau cycle de l'art, Gustave Moreau dit, à la fin de sa vie, le bonheur d'une émancipation chèrement acquise. "N'étant plus en goût ni de me défendre, ni de rien vouloir rien prouver à qui que ce soit, j'en suis arrivé à cet état bienfaisant d'une humilité délicieuse vis-à-vis de mes vieux maîtres du passé et de cette unique joie de pouvoir m'exprimer librement et en dehors de toute juridiction". Libéré du poids de la tradition, Gustave Moreau va alors oser une interprétation "tachiste" de certains sujets sans s'abstraire totalement des thèmes propres à la peinture d'histoire. L'aquarelle La tentation de saint Antoine illustre parfaitement cette nouvelle voie.

Les très nombreuses peintures, aquarelles et palettes que nous qualifions hâtivement aujourd'hui d'abstraites sont gardées en grand nombre par l'artiste mais jamais montrées de son vivant. C'est seulement lors de l'ouverture du musée que les ébauches peintes sont encadrées et présentées principalement au rez-de-chaussée.

En l'absence d'explication de l'artiste, leur interprétation reste encore mystérieuse.

 

Visites Imaginaires 2024
de mars à juillet 2024 - 1h
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