Le Tigre bleu de l'Euphrate
Monologue de Laurent Gaudé
Mardi 13 février 2018 à 19h30
avec Paul Hamy
Alexandre va mourir. Après avoir battu le grand Darius, conquis Babylone et Samarkand, après avoir construit des villes et fondé un immense empire, il est terrassé par la fièvre. Il ne lui reste que quelques heures à vivre. Il ne tremble pas. Il contemple la mort et l’invite à s’approcher pour lui raconter lui-même ce que fut sa vie.
Alexandre parle et la mort l’écoute. Le laissant revivre l’ivresse de son épopée et ressentir, une dernière fois, le désir. Celui de ne jamais interrompre sa course. De s’enfoncer toujours plus loin, dans des terres inconnues. Le désir de rester toujours fidèle à cette soif intérieure que rien ne peut étancher.
En faisant parler Alexandre de Macédoine, Laurent Gaudé permet de confronter l’homme à l’improbable. Cette Mort tant redoutée depuis la nuit des temps, Alexandre lui parle sans retenue, dans un aveu qui nous rappelle une épopée oubliée.
Reprendre l’histoire d’Alexandre, c’est aussi découvrir le poème éternel de la paix et de la guerre, de l’Orient et de l’Occident, du deuil et du désir, de la vie et de la mort. Pour faire voir cette histoire tragique, on donne la parole à l’homme derrière la fable. Tel un cénotaphe, LE TIGRE BLEU DE L’EUPHRATE renferme l’idée sublime du théâtre de la légende vive, de la parole oubliée et du livre lu, de la quête insatiable de l’homme sur l’ailleurs et l’inconnu — de la fatalité de l’être et de son éternel commencement.
Paul a l’âge du personnage, un corps athlétique, un regard singulier et une voix juvénile qui propose une variété infinie de murmures jusqu’aux graves les plus saccadés. Se confronter à un héros mythique, c’est faire revenir une parole ancestrale, une mémoire perdue, et lui faire révéler notre réalité contemporaine. Tout le soliloque d’Alexandre est quasi-rétrospectif. Il se souvient de son existence. Il donne à entendre ce qu’il a été mais aussi à ce qu’il aspire à la fin de sa vie. Dans le texte de Laurent Gaudé, j’entends plusieurs voix : celle du désir, celle de la destinée, celle de la grandeur, celle de la folie. Une musique plus qu’une logorrhée qui rappellera qu’au temps des Grecs anciens le « poème » était « chant ».
Production : Winterreise Compagnie Théâtre / Co-réalisation : Musée national Gustave Moreau / Théâtre de l’Opprimé / Musée Hèbre Rochefort
Mise en scène et scénographie : Olivier Dhénin
Lumière : Anne Terrasse
Costume : Hélène Vergnes
Collaboration artistique à la scénographie : Amélie Lauret
Paul Hamy étudie le cinéma et le dessin, avant de créer avec des amis le collectif de création POK réunissant plasticiens, photographes, vidéastes et musiciens. Il devient en parallèle un mannequin. Créatif, il se donne aussi à la sculpture et se lance comme acteur dans un épisode de la série télévisée historique BORGIA (2011), où il incarne en anglais Simon d’Auxerre. Il interprète ensuite Marco, jeune dragueur qui séduit la sexagénaire Betty interprétée par Catherine Deneuve dans ELLE S’EN VA de Emmanuelle Bercot, sélection officielle du Festival de Berlin (2013). Dans la foulée, Katell Quillévéré lui offre le rôle de Julien, l’amoureux de Sara Forestier dans SUZANNE, rôle pour lequel il est nommé au César du meilleur espoir masculin 2014. Il travaille ensuite avec Maïwenn pour RIEN NE SERT DE COURIR et en Russie sur un projet d’Apollonia Breuil d’après LA PROSE DU TRANSSIBERIEN ET DE LA PETITE JEHANNE DE FRANCE, où il incarne l’écrivain poète Blaise Cendrars. Il est aux écrans dans MON ROI de Maïwenn, UN FRANÇAIS de Diastème, PEUR DE RIEN de Danielle Arbid, SEX DOLL de Sylvie Verheyde. Rôle-titre pour L’ORNITHOLOGUE de João Pedro Rodrigues, il donne la réplique à Gérard Depardieu et Emmanuelle Seigner dans LE DIVAN DE STALINE de Fanny Ardant. Il tourne actuellement 9 DOIGTS film expérimental et d’anticipation de F.J Ossang auprès de Gaspard Ulliel et Pascal Greggory.
