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Choix d'œuvres

Atelier du 2e étage
Peinture

Les Filles de Thespius

Gustave Moreau commença probablement cette peinture vers 1853, elle devait être bien engagée en 1858 puisque sa mère lui écrivit, le 22 janvier, alors qu’il séjournait en Italie : « Ton père me demandait hier soir si je croyais que tu composeras quelque chose de mieux que ton Hercule au milieu des femmes. Pour moi, je pense que tu as fait d’énormes progrès, je ne serai donc pas très étonnée car j’ai une énorme ambition pour mon fils et je suis persuadée qu’il la satisfera ».

L’œuvre, agrandie en 1882, resta « en voie d’exécution ». Sa partie centrale se ressent fortement de l’influence de Théodore Chassériau et de son tableau le Tepidarium (Paris, musée d’Orsay, RF 71) exposé au Salon de 1853 puis à l’Exposition universelle de 1855. Moreau livre ici une vision très personnelle d’un mythe rarement représenté, car jugé scabreux. Hercule, le fils de Jupiter et de la princesse thébaine Alcmène, âgé de 18 ans avait mis à mort le lion de Cithéron qui ravageait les troupeaux d’Amphitryon, son père putatif, et ceux du roi Thespius. Ce dernier, soucieux de sa descendance et pour prouver sa reconnaissance au héros qui séjournait chez lui fit en sorte qu’il s’unisse à ses 50 filles.

C’est le moment qui précède « ce grand acte de génération » que le peintre choisit de représenter. Hercule est assis au centre dans une pose méditative très michelangelesque, derrière lui : « deux cippes [...] portent le soleil et la lune tous deux naturellement symbolisés par des taureaux et des sphinx : les deux pôles de la vie, de la création, emblème de cette dualité constante des deux sexes ». Moreau est parvenu à varier heureusement les physionomies et les poses des filles du roi.

Dans ce gynécée cyclopéen certaines déambulent, d’autres sont assoupies, quant au demi dieu selon Moreau, il : « […] sent en lui l’immense tristesse de celui qui va créer, qui va donner la vie en même temps que cette grande exaltation d’âme qui vient l’assaillir, lui voué au sacrifice, à chaque acte de sa destinée fatale. Toute la gravité religieuse des races primitive est en lui. Un dieu l’anime et le soutient »