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Carton pour le tableau "Tyrtée"

Cat.548 Détail Carton pour Tyrtée
© Gustave Moreau, Détail, Carton pour le tableau "Tyrtée", Paris, musée Gustave Moreau, Cat. 548 © RMN-GP / Stéphane Maréchalle
Cat.548 Carton pour Tyrtée
© Gustave Moreau, Carton pour le tableau "Tyrtée", Paris, musée Gustave Moreau, Cat. 548 © RMN-GP / Stéphane Maréchalle
Cat.18 Tyrtee
© Gustave Moreau, Tyrtée chantant pendant le combat, Paris, musée Gustave Moreau, Cat.18, Photo © RMN-Grand Palais / René-Gabriel Ojéda
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Ce carton est une étude préparatoire d’un détail du second plan de Tyrtée chantant pendant le combat exposé dans l’atelier du 2e étage (Cat. 18), peinture ambitieuse à laquelle Moreau commença de travailler dès les années 1860 et qu’il laissa, après l’avoir agrandi en 1882, inachevée.

Tyrtée, poète grec du VIIe  siècle avant J.-C., selon la tradition accréditée par Pausanias et nombre d’écrivains gréco-romains, aurait été envoyé par dérision, mépris, par les Athéniens aux Spartes qui demandaient un poète pour relever le courage de leurs troupes alors en guerre contre les messéniens. Ce vieux professeur boiteux, tenu pour fou, se révéla d’une grande éloquence. Par ses chants guerriers, ses exhortations, il mena les spartes à la victoire. Les divers fragments des poèmes de Tyrtée sont  regroupés sous le titre Les Messéniques. Moreau possédait dans sa bibliothèque la traduction de certains d’entre eux. L’une, en vers français, due à Louis Poinsinet de Sivry  publié en 1758 ; l’autre, en prose, se trouve dans l’Essai sur les révolutions anciennes et modernes de Chateaubriand qui parut pour la première fois en 1797. Il n’est pas indifférent de savoir que le sculpteur Henri Chapu exécuta, en 1854, un bas relief (Tyrtée, musée Henri Chapu, Le Mée-sur-Seine, MHC 064) et plusieurs dessins intitulés Tyrtée d’autant qu’il côtoya Moreau en Italie. Or c’est probablement à ce moment là que ce dernier conçut l’idée de placer le chantre grec au centre d’une de ses œuvres. Il recopia alors dans les Mémoires d’outre-tombe (Livre XXIIème, Chap. 5) ce court extrait des Messéniques cité, de mémoire, par Chateaubriand : « Les femmes se plaisent à contempler le jeune homme resplendissant et debout : il n’est pas moins beau lorsqu’il tombe au premier rang ». Cette phrase servit sans doute de base à ses réflexions pour sa peinture dont toute la composition se devait selon lui d’exprimer : « l’idée de jeunesse ».

Moreau soigna particulièrement le dessin de ce carton mêlant différentes techniques graphiques : fusain, mine de plomb, craie blanche, plume et encre noire. Comme tel, il est tentant de rapprocher de certains dessins de Jean-Dominique Ingres. Les têtes, les corps agonisants sont ici singulièrement imbriqués. Deux figures d’adolescent se détachent pourtant, Moreau en a laissé, sous forme manuscrite, une description très lyrique que nous extrayons d’un long texte probablement rédigé vers 1860 : « Aux pieds du poète, charmant débris de ce piédestal humain formé par les corps de cette jeunesse expirante, se trouve une figure de jeune adolescent dans sa fleur. Un genou à terre, il tombe frappé de mort, sa main gauche à l’endroit où le fer est entré presse le laurier sacré que le poète lui a donné au moment du combat. C’est une figure de tombeau, blanche, pure, noble encore en son maintien d’expirant, pensant <n’oubliant pas>, pas à l’heure funèbre, ses instincts et son éducation de Grec. C’est la Grèce expirante avec le sourire aux lèvres et le laurier à la main [...] Cette figure est doublée par celle d’un jeune guerrier qui, également atteint d’un trait mortel, offre a Tyrtée, avant d’expirer, la couronne d’or et la palme qui annonce la victoire. C’est le soldat de marathon. »